M2 Théories du discours 2023-2024 [Conférence], Jean-Claude Mapendano, 22.04.2024, USPN, « Déconstruire les stéréotypes de genre »

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Université USPN-Paris 13 – Master LEDILANGT SDL-SPC – M2 2024-2024

Séminaire Marie-Anne PAVEAU

Théories du discours : pouvoir, domination, idéologies

Lundi 22.04.24 de 14h00 à 16h00, UFR LLSHS, salle D 116

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Résumé

Les rapports sociaux de pouvoir entre les sexes ont été définis en termes de « domination masculine » (Bourdieu [1998] 2002). En RD Congo, ce pouvoir hégémonique masculin se traduit en discours à travers des stéréotypes de genre et des assignations que la praxis énonciative contribue à perpétuer, à naturaliser et qui figent les femmes dans des rôles sociaux subalternes. Ce sont des formules toutes faites telles que « sexe faible », « femme soumise »,  « Mwanamuke hakomalake [la femme ne grandit jamais, en swahili], « Mwasi atongaka mboka té ! [La femme ne bâtit pas une nation !, en lingala] ». Mais aussi ce même pouvoir est parfois défait, déconstruit au moyen du langage par différents mécanismes. Cette présentation a pour objet de décrire quelques modalités sémiodiscursives du contre-pouvoir au travers des exemples de slogans, de formules de d’iconotextes féministes extraits de notre corpus de thèse. Entre autres, on peut citer « Femme Leader », « Woman Power », « Mwasi motomboli mboka [Femme qui élève la nation », « Oui, je peux construire », etc. Nous inscrivant dans le cadre théorique et méthodologique de l’analyse du discours (Maingueneau 1995, 2009), nous mobiliserons les notions de « resignification discursive » (Paveau 2020), d’« interdiscours » et de « mémoire discursive » (Courtine 1981. Ainsi appréhendons-nous ces productions comme des contre-discours de résistance et des réponses féministes  aux stéréotypes sexistes, opérant par « inversion axiologique » (Paveau 2013a). Étant donné que le langage devient ainsi à la fois un lieu et une arme de lutte, nous défendons la thèse du pouvoir des mots (Butler 1997 [2004], Boutet  2016). Nous nous intéresserons particulièrement aux pratiques de l’écriture inclusive, aux assertions adversatives, aux négations polémiques, aux néologismes (autodésignations et hétérodésignations), aux phénomènes de défigements… en les restituant dans leur ancrage interdiscursif c’est-à-dire dans leurs contextes de production et de réception.

Bibliographie indicative

  • Bourdieu, P. 2002 [1998]. La domination masculine. Paris : Seuil.
  • Bourdieu, P. 2014. Langage et pouvoir symbolique. Paris : Fayard.
  • Butler, J. 2004 [1997]. Le Pouvoir des mots. Politique du performatif [Excitable Speech : A Politics of the Performative], traduction de Charlotte Nordmann avec la collaboration de Jérôme Vidal. Paris : Éditions Amsterdam.
  • Paveau, M.-A. 2013b. « Ces corps qui parlent 3. Slutwalks. Salopes et fières de le dire ». La pensée du discours [Carnet de recherche]. En ligne : http://penseedudiscours.hypotheses.org/?p=11883, consulté le 06 janvier 2024.
  • Paveau, M.-A. 2020. La blessure et la salamandre. Théorie de la resignification discursive. In : Bazin, M., Lambert, F. et Sapio, G. (dir.). Stigmatiser. Discours médiatiques et normes sociales. Lormont : Édition Le Bord de l’eau, p. 217-236.
  • Paveau, M.-A. 2019. « La resignification. Pratiques technodiscursives de répétition subversive sur le web relationnel ». Langage et société 2019/2 n°167, p. 111-141, disponible en ligne à l’adresse : https://www.cairn.info/revue-langage-et-societe-2019-2-page-111.htm, consulté le 03 janvier 2024.

Pour venir à Paris 13 : gare du nord départ banlieue en surface, arrêt gare d’Epinay-Villetaneuse puis : bus 361 ou 356, arrêt Université Paris 13, ou Tram 8 et 11 arrêt Villetaneuse-Université

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